Haut lieu de rencontres depuis une soixantaine d’années, mais moins fréquenté avec le temps, le Cercle italien urbigène vient de fermer ses portes.
Ce ne fut pas vraiment un moment de liesse profonde lorsque les descendants des constructeurs d’un lieu de haute convivialité ont dû utiliser pioches, marteaux, scies et autres outils pour «désosser», comme la chose se dit dans notre bon canton de Vaud, ce que leurs pères avaient amoureusement aménagé: le Cercle italien de la Grand Rue 24 à Orbe.
Alea jacta est, le sort en est jeté ! La clé du lieu a cruellement et définitivement été mise sous le paillasson fin octobre et le local restitué à son propriétaire en vue d’un futur incertain.
C’est toute une époque de convivialité qui s’éteint, un joyeux symbole victime d’une société en profonde mutation où l’on ne se cause plus guère autrement que par médias interposés, nouvel art de vivre désormais certes, mais dramatiquement létal pour moult établissements publics!
Joie de vivre
Avec son «stamm» – vaudoiserie ici utilisée en son sens de «lieu de rencontre» – disparaît la société elle-même qui a, plus de 60 ans durant, répondu au nom de Cercle italien d’Orbe. Créée le 25 février 1963 à l’initiative de Francesco Verre et Oscar Racanello, cette société a brièvement occupé divers locaux (pour les moins jeunes: le salon de coiffure à Angelo, puis l’espace de Mademoiselle Schaer à la rue des Terreaux N° 13 et 40) pour finalement se fixer à la Grand-Rue depuis 58 ans.
Un profond sens de l’accueil, une sincère forme de joie de vivre, une faconde parfaitement latine, une cuisine transalpine évoluée, en un mot comme en cent: une ambiance toute italienne a régné en cet endroit, dont la disparition laissera d’éternels regrets. On y jouait au billard et aux cartes, on y refaisait le monde (il en a toujours bien besoin d’ailleurs, le pauvre…), on y chantait (là, il y a quand même eu quelques problèmes avec les voisins !) et on y a aussi eu l’idée de fonder un club de football.
Orbe-Azzurri, ainsi s’est appelée une équipe qui a porté haut le nom de notre gros bourg, laissant même évoluer dans ses rangs de purs Urbigènes, preuve irréfutable d’une intégration parfaitement assumée.
En plus d’une participation active, épanouie, chantante et rieuse à toutes les manifestations et cortèges qui se sont égayés en nos rues, nos amis ont fondé un orchestre répondant à l’incandescent nom de Diables Rouges, formé de cinq musiciens qui ont enflammé bien des bals dans notre paisible région.
Merci à cette sympathique diaspora du bonheur qu’elle nous a apporté sans compter et ceci, surtout, avec beaucoup de sincère amitié. Ciao, Circolo italiano di Orbe.