Actualité internationale : Un Urbigène de retour d’Ukraine

Lecture ~4 minutes
Actualité internationale : Un Urbigène de retour d’Ukraine

Actualité internationale : Un Urbigène de retour d’Ukraine

Le Dr Alexandre Sidorenko a jusqu’à récemment exercé sa spécialisation en gynécologie-obstétrique dans les hôpitaux du Nord vaudois et dans sa consultation à Orbe. Il garde encore une activité réduite à l’hôpital de la Vallée de Joux. L’Urbigère a étudié la médecine à l’université de Donetsk, dans le Donbass à l’est de l’Ukraine et à proximité de la frontière russe. Il a passé plusieurs années en Angola, dans la coopération, pays de la rencontre avec son épouse suisse.

Son nouveau temps libre lui permet de fréquents voyages au volant de son camping-car; souvent en direction de l’Ukraine, son pays d’origine dont il détient encore la nationalité.

En route vers le Donbass

Parti le 29 décembre 2021 d’Orbe, il est arrivé le 3 janvier en Ukraine et a gagné le village de son frère, mineur à la retraite. Cette localité de 600 à 800 habitants se nomme Spasko-Michailovka. Le village est encore sur la partie non séparatiste du Donbass, mais à quelques kilomètres seulement. Cette région est sous forte tension depuis 2014 date à laquelle, tout comme la Crimée, elle prononce son indépendance. «Au Donbass, c’est déjà la guerre, mais le reste du pays était relativement calme. Ma famille ne pensait pas qu’il y aurait la guerre», déclare notre interlocuteur.

C’est le 23 février qu’Alexandre Sidorenko prend la route du retour en direction de la Pologne, soit une étape d’environ 1200 km à réaliser sur sol ukrainien. Après 800 km, notre homme marque une pause près de Kiev. Le matin du 24 février, il est réveillé vers 5 h. par des explosions. Internet lui confirmera le début de l’attaque russe. Il poursuivra sa traversée pendant la journée, lors de laquelle «j’ai entendu plusieurs explosions», relate-t-il.

La frontière polonaise

Arrivé le soir à 10 km de la frontière polonaise, son véhicule se trouve pris dans une immense file qui avance très faiblement. «Le lendemain, c’est encore pire avec des gens à pied, des vieillards, des familles avec des petits-enfants» raconte-t-il. Des contrôles sont exercés à la sortie d’Ukraine, empêchant les hommes de moins de soixante ans de quitter le pays, avec des conséquences compliquées et parfois l’obligation de rebrousser chemin ou de laisser la famille continuer sans le père…

Le Dr Sidorenko offrira l’hospitalité dans son camping-car à un couple âgé se déplaçant à pied et attendu à la frontière polonaise par le fils du couple venu en urgence des Pays-Bas pour les prendre en charge. A ce stade du récit, on sent l’émotion se manifester: «Je suis resté bloqué 36 heures à la frontière et j’ai assisté à un véritable exode.» (Au moment de l’interview, 400 000 Ukrainiens avaient déjà quitté le pays).

Considérations politiques

Alexandre Sidorenko se livre à une analyse dont il admet bien volontiers la subjectivité, mais qui prend ses racines dans l’histoire et la géographie de l’Ukraine, ce vaste pays (le plus vaste d’Europe) dont les différentes régions n’ont pas vécu les mêmes situations et dont le centre de gravité oscille entre Est et Ouest.

«Je ne suis pas avec les Russes, mais contre les Américains qui utilisent l’Ukraine comme un pion contre la Russie» annonce A. Sidorenko. Il poursuit en déclarant que: «En 2014, ce ne sont pas les Russes qui ont commencé, mais c’est une loi ukrainienne interdisant la langue russe…» Pour ce qui est de la Crimée, il n’a pas peur d’affirmer qu’elle «réclamait son indépendance et voulait se rattacher à la Russie».

Que pense-t-il de Poutine? «Il est tombé dans mon estime, car il fallait résoudre le conflit diplomatiquement. L’escalade militaire n’est pas une bonne solution; il faudrait trouver des solutions négociées.»

Le Dr Sidorenko voit pour son pays un avenir fait d’une indépendance basée sur un principe de neutralité, avec un statut spécial pour le Donbass. Il rappelle que la neutralité «figure dans la constitution de 1991» qui prévoit pour l’Ukraine une situation «hors des blocs militaires».

Mais le contexte ne prête pas à l’optimisme et notre interlocuteur se déclare «triste et pessimiste» quant à l’avenir de son pays.

Le pays s’étend sur 600 000 km2. Il est peuplé d’environs 45 à 48 millions d’habitants. Depuis 2014, la Crimée est annexée par la Russie et la partie orientale du Donbass (Donetsk) est sous contrôle des séparatistes pro Russes.

Continuer ma lecture

Lieux et acteurs de culture

Bibliorbe
Théâtre de la Tournelle
Semi-marathon des Côtes de l’Orbe
Urba Kids
L’ADNV
L’Office du Tourisme Yverdon et région
Toute la culture régionale