
De g. à dr.Janine Gaudard, présidente d’honneur des Coquelicots, Chantal Parisod, actuelle présidente, Fabienne Sollberger, directrice et Sylviane Barraud-Chappuis, membres depuis 54 ans.
Pour fêter dignement les 65 ans d’existence de leur société, «Les Coquelicots» ont choisi de renouveler leurs costumes: c’est donc parés de noir rehaussé d’une touche de rouge, rappelant la couleur du coquelicot, que les 14 membres de la société – dont trois juniors – ont fait leur entrée en scène.
Après le traditionnel discours de bienvenue, les accordéonistes ont d’emblée conquis le public en interprétant, sous la houlette de Fabienne Sollberger, un paso doble bien enlevé, suivi d’un «Adagietto» puis d’une danse irlandaise endiablée. Aussi éclectique qu’exigeant, le programme musical incluait un hommage aux Indiens avec «Dakota», une pièce en 5 mouvements et un coup de chapeau à Lionel Richie via son célèbre «Hello».
Autre moment fort: l’arrivée sur scène des trois juniors, Armand, Louis et Johann, âgés de 12, 10 et 9 ans – la relève au masculin des Coquelicots – qui ont joué sans trac et en rythme «Keep Cool» et «Rockstars» en compagnie des Seniors.
Allant crescendo, la seconde partie musicale a pris son envol sur une partition signée Astor Piazzolo et Richard Galliano, adaptée par Fabienne Sollberger, fait un détour par Curt Mahr avec «Fest-Hymne» avant de conclure joyeusement avec «It’s raining again» et «Oh Les Filles», deux morceaux arrangés par la directrice des Coquelicots. Au final, une superbe prestation musicale qui a mérité les applaudissements nourris d’un nombreux public composé d’amis et de fans de l’accordéon.
Après l’habituel entracte, la soirée s’est poursuivie par une pièce de théâtre en 3 actes, intitulée «La Binette à Lulu» de M.-L. Hespel. Mise en scène par Marie Gygax et jouée par des membres et amis des Coquelicots, cette œuvre, riche en moments cocasses, a offert aux spectateurs de multiples occasions de se détendre. Enfin, en guise de point d’orgue, l’orchestre neuchâtelois «Les Galériens» a conduit le bal et chauffé l’ambiance jusqu’au bout de la nuit.
Vive les femmes !
Si trois hommes sont à l’origine de la Société des accordéonistes «Les Coquelicots» née en 1945, les femmes ont pris depuis le relais. Et c’est heureux quand on sait que, parmi les onze membres seniors des Coquelicots, dix sont féminins.
Seul représentant masculin dans ce «harem», Valentin, 19 ans et présent depuis 9 ans au sein du groupe, se dit ravi d’avoir «dix mamans!». Parmi elles, citons Chantal Parisod, actuelle présidente des Coquelicots et membre depuis 37 ans, Sylviane Barraud-Chappuis qui peut s’enorgueillir de ses 54 ans de fidélité, Janine Gaudard, présidente d’honneur de la société et membre depuis 47 ans qui signale qu’«En 65 ans, notre société n’a eu que deux directeurs – M. Emile Vuagniaux de 1945 à 1983 et, depuis lors, Fabienne Sollberger -, et 4 présidents.»
Pareille stabilité en dit long sur l’ambiance qui règne aux Coquelicots, où l’amitié se conjugue à l’enthousiasme, aux multiples compétences et au dynamisme. Il suffit de côtoyer brièvement Chantal Parisod pour comprendre la recette de longévité des Coquelicots. «Chaque année, explique-t-elle, on part en week-end musical aux Cluds où on loue un chalet.
Cela permet de resserrer les liens, de se voir hors des répétitions, de se prélasser ensemble dans un lieu convivial où on joue juste pour le plaisir le samedi matin et après-midi – et le dimanche matin.» Si les accordéonistes de La Sarraz répètent tous les jeudis soir – excepté durant les vacances scolaires et la semaine suivant leur soirée annuelle -, ils se produisent régulièrement à l’extérieur : « On donne des concerts dans le cadre de l’expo de Cossonay, lors de l’abbaye de La Sarraz et chaque fois qu’on en a l’occasion. L’an prochain, on participera à la Fête Cantonale Vaudoise de l’Accordéon à Villars-le-Terroir, ajoute Madame la Présidente.»
Et pour se faire connaître, renouveler ses rangs, glâner quelques sous bienvenus, Les Coquelicots se montrent très actifs: «En décembre dernier, raconte Chantal Parisod, on a organisé un Noël en chantée. On a réuni des artisans qui ont tenu un petit marché de Noël, une conteuse, une maquilleuse pour enfants et des bénévoles qui ont servi la raclette.
Nous, on jouait des partitions de Noël et les gens chantaient, c’était magique!» Mieux encore, tous les deux ans, la troupe «Entre Amis» issue des Coquelicots, propose 4 soirées de gala (deux vendredis et deux samedis) comprenant un concert donné par Les Coquelicots, une comédie musicale thématique, signée Didier Sieber, et un repas. «Ces soirées, qui attirent entre 700 et 800 personnes venues de toute la Suisse romande, se font désormais sur réservation, glisse Chantal Parisod. Avis donc aux intéressés: les réservations pour la 7e édition fixée en mars 2011 s’ouvriront en octobre 2010!»
Des piliers des Coquelicots…
Tout aussi passionnée, Janine Gaudard avoue n’avoir jamais eu envie d’arrêter de jouer. «L’accordéon permet de se vider la tête. Si on a des soucis, on les oublie en jouant. ça fait un bien fou!» Loin de se contenter de son rôle de présidente d’honneur des Coquelicots, Janine Gaudard fait partie du comité de la Fédération Cantonale Vaudoise d’Accordéon. «Chaque membre est tenu de représenter la Fédération lors des soirées organisées par les 25 sociétés d’accordéonistes qui fleurissent en terre vaudoise.»
Musicienne dans l’âme, Fabienne Sollberger, directrice des Coquelicots depuis 1983 et bien décidée à battre le record de longévité à ce poste, sait la signification du mot «vocation». Haute comme trois pommes, elle savait qu’elle ferait, plus tard, ou de la musique ou du calcul. Son père et ses frères jouant de l’accordéon, elle a commencé par s’initier à la flûte douce.
«On a eu un orchestre de famille durant 25 ans!». Entre-temps, l’attrait de l’accordéon a été le plus fort d’où a découlé une formation diplômée à L’Association Romande des Professeurs d’Accordéon, puis des cours au Conservatoire. Aujourd’hui, Fabienne Sollberger donne des cours, fait des arrangements et dirige trois sociétés d’accordéonistes dont Le Bouvreuil de Villars-le-Terroir et Accordia d’Yverdon-les-Bains.
Sans compter qu’elle organise la Fête Cantonale Vaudoise de l’Accordéon en mai 2011 à Villars-le-Terroir.
…aux jeunes douées
Etrange coïncidence: Marie Gygax et Mélanie Brunel ont débuté les cours d’accordéon la même année – en 1994 – alors qu’elles ne se connaissaient pas. Et l’idée de s’essayer à cet instrument leur a été donnée par leurs cousines respectives! Un an plus tard, elles rejoignaient sur scène Les Coquelicots pour leur première soirée.
«Par la suite, évoque Mélanie, on a pu constituer un petit groupe de juniors qui interprétait seul un mini-répertoire.» Depuis, les années se sont écoulées, mais pas le plaisir de jouer. «Il y eut un âge où c’était un peu délicat de dire à nos copines qu’on s’éclatait avec cet instrument.
Aujourd’hui, c’est beaucoup moins ringard grâce à Richard Galliano qui a su faire de l’accordéon un instrument très jazzy et à d’autres artistes qui sont fréquemment accompagnés par des accordéonistes.» Entre-temps, Mélanie Brunel est devenue assistante médicale, tandis que Marie Gygax poursuit des études de lettres, fait des remplacements comme enseignante et s’est transformée en metteur en scène…
«Comme j’ai fait du théâtre amateur, j’ai proposé mes services, choisi la pièce et dirigé les comédiens. Question décor, on a pu utiliser celui des soirées de gala de l’an dernier. L’exercice s’est révélé très enrichissant.» Après 15 ans passés aux Coquelicots, quel est leur bilan?
«On apprécie tout particulièrement les membres de cette société et on a l’intention de continuer le plus longtemps possible. Juste pour le plaisir!» Reste à souhaiter longue vie et succès aux Coquelicots.
Photo Josiane Rigoli